Du collège communal
au lycée régional d'enseignement général et technologique

Le nom Le nom du lycée « Amiral de Grasse », a été donné en 1969. Dès 1909, Honoré Cresp, maire de Grasse, avait demandé au président de la République, Armand Fallières, venu inaugurer le lycée, s'il pouvait porter le nom du célèbre peintre Jean-Honoré Fragonard. Le président de la République avait donné son autorisation. Mais un député académicien refusa que l'on donne le nom de Fragonard à ce nouveau collège ; car il disait que cela évoquerait aux élèves des images licencieuses et libertines. D'autres noms furent discutés : Saint-Exupéry, Francis de Croisset, Mathias    Duval,    Albert    Camus, Torelli. Donc le collège municipal fut privé de nom jusqu'en 1969.   Qui est François – Joseph, Paul de Grasse (1722-1788) ? Peu de marins eurent la chance et le talent d'infléchir le cours de l'Histoire. François - Joseph, Comte de Grasse, Marquis de Tilly est de ceux - là. Placé à la tête des Armées navales d'Amérique par Louis XVI, le Lieutenant général de Grasse apporta l'aide décisive de la France aux Insurgents américains. La citadelle de Yorktown capitula, moins de deux mois après la victoire de l'Amiral de Grasse en 1781 sur la flotte anglaise au large de la baie de la Chesapeake (Virginia Capes). Ce succès tactique se révéla d'une importance stratégique capitale et conduisit à la réelle indépendance des Etats – Unis d'Amérique. Le 28 octobre 1781 Thomas Mac Kean, le Président du Congrès des Etats - Unis, adressait à l'Amiral de Grasse des remerciements officiels avec ces mots : "J'ajouterai seulement, Monsieur, que votre nom sera à jamais cher au bon peuple des Etats - Unis, aussi longtemps que la gratitude sera une vertu..."

Enveloppe de premier jour de la Poste Française

Timbre des Etats-Unis consacré à la victoire navale française

Les origines de l'enseignement à Grasse

Dès 1650, les archives mentionnent un collège communal à Grasse, rue Tracastel. A partir de 1672, il n'y a plus d'enseignement secondaire public à Grasse, l'enseignement est donné par des clercs. Tout change avec la Révolution et l'Empire, le collège devient une « école d'instruction secondaire », puis avec la loi du 11 décembre 1808 le collège redevient public. Le collège communal de Grasse est crée. Il est réservé aux notables car il est payant. Il compte quatre professeurs, un de mathématiques et trois de latinité, auxquels se joint plus tard un maître de dessin.

La maison dite "La Prévauté", attenante à la maison commune, constitue ses premiers locaux où ne sont accueillis que des garçons.

Cet établissement se révèle rapidement trop petit et vétuste. Donc en 1825, à la suite d'un don fait par un particulier, la ville achète une ancienne parfumerie, boulevard Fragonard. En 1847, le collège est agrandi par l'achat d'une maison contigüe. Le préfet des Alpes Maritimes, après avoir visité le collège, envoie une lettre au maire de Grasse pour lui faire part de ce qu'il avait vu et de l'état de délabrement dans lequel se trouvait l'édifice, le 18 juin 1861. Mais il faut attendre 1883 pour que le collège connaisse un agrandissement. En 1899 les latrines des dortoirs sont branchées aux égouts. En 1900, le maire de Grasse, pense qu'il serait bon d'apporter un enseignement professionnel. Le conseil municipal décide d'adjoindre un enseignement commercial en deux ans après la classe de quatrième. Le Maire propose ensuite un projet de traité constitutif qui prévoit pour 10 ans la gestion directe par la ville du collège externat et la gestion du pensionnat par le Principal. Le principe de cette organisation se maintient jusqu'en 1952. Le problème des locaux ressurgit en 1903, lors d'une séance du bureau d'administration présidée par le sous-préfet ; celui-ci décide de visiter l'établissement et il fait des constatations aux niveaux des classes (trop petites, aucune possibilité de les chauffer en hiver), des études (trop petites), du réfectoire (la cuisine est trop petite), des cours, des dortoirs. Après cette visite, le bureau d'administration propose la construction d'un nouveau collège. La commune achète 9 615 m2 de terres agricoles, à l'écart du centre-ville, dans le quartier des casernes.

« Bordé d'un côté par la nouvelle route de Cannes et de l'autre par l'avenue Sainte- Lorette, ce terrain se composait d'une grande ferme entourée de palmiers et de plantes à parfum. Et, dans ce coin de paradis, où fleurissaient roses, jasmins et tubéreuses, s'éleva en 1908 le nouveau collège de Grasse » Janine Pierre du Thau, Le nouveau collège de Grasse, éditions Serre, Nice.

Le nouveau collège communal (1909/1958)

Son régime a duré pratiquement un demi-siècle et a présenté toujours les mêmes caractéristiques, au cours de cette période. C'est d'abord un établissement qui permet à un élève de faire toute sa scolarité, du cours préparatoire (6 ans) au baccalauréat (18 ans). La ville assure la gestion de l'externat mais laisse au chef de l'établissement la gestion de l'internat et de la demi pension (organisation qui demeure valable jusqu'en 1952). Les effectifs d'élèves sont restés quasiment stables durant cette période, autour d'une centaine d'élèves pour chaque niveau (primaire et secondaire), malgré quelques nuances au cours de deux guerres mondiales, quand l'internat fut fermé. 14 chaires de professeur-e-s sont ouvertes pour l'enseignement secondaire et quatre postes sont consacrés au primaire. Le lycée compte aussi un surveillant général, un professeur de dessin, un de gymnastique, un aumônier, trois répétiteurs, un agent spécial (économe), un concierge et plusieurs agents de service. Un principal qui est en même temps enseignant, assume la direction. Les problèmes récurrents sont ceux du chauffage au gaz, de l'entretien de locaux vastes, de l'organisation des classes, du financement de l'aumônerie.

Cachet officiel du Collège de Grasse, reproduisant les armoiries de la ville	Couverture des séances des conseils d'administration du Collège (archives du Lycée Amiral de Grasse) Cliquer sur ce document pour l'agrandir

Les bâtiments et leur inauguration

Conçus par l'architecte M. Bombard, c'est un rectangle de 80 ². Le bâtiment est ouvert au Midi, avec un pavillon central réservé à l'administration. Il est organisé de deux ailes de deux étages sur rez-de-chaussée avec des terrasses sur toute la longueur donnant sur une vaste cour de récréation. Situé à l'extrémité de la ville, il permet à la ville de se développer du coté de ce quartier qui était presque désert au début du XXème siècle. Le collège domine les coteaux et la plaine de la Siagne, avec une vue sur la mer et l'Esterel. Ainsi, les salles de classe et d'études sont vastes et très bien éclairées ; les dortoirs sont composés de 34 chambrettes, une pour chaque interne ; l'infirmerie est organisée avec plusieurs chambres d'isolement et un cabinet de consultations.

Le Lycée aujourd'hui

Le  collège  a  connu  deux  inaugurations :  la  première  par  le  préfet  des  Alpes Maritimes, M. de Joly, le 12 juillet 1908 ; la deuxième fut le 28 avril 1909 et ce fut l'inauguration officielle. Celle-ci fut présidée par le Président de la République en personne, Monsieur Armand Fallières, accompagné de Georges Clémenceau, Président du Conseil, et des Ministres, Picquart (Guerre), Picard (Marine) et Ruau (agriculture).

L'établissement prend alors le nom de collège Fragonard mais reste connu sous celui de "collège de garçons".

Procès-verbal de l'inauguration du collège et photo de l'inauguration

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Signatures du Président de la Rébublique et du Président du Conseil   Armand Fallières et Georges Clemenceau, le jour de l'inauguration du collège

La première guerre mondiale au lycée

Très rapidement, les hôpitaux prévus n'étant pas assez nombreux, le lycée devient hôpital et accueille de nombreux blessés ou convalescents. Les élèves et les enseignants ne sont pas davantage épargnés par la guerre, comme en témoigne la plaque commémorative à l'entrée du lycée. Cf. le dossier 1914 et Grasse pendant la première guerre mondiale.

Personnel hospitalier du lycée, Fonds Cavallier Frères

Personnel hospitalier et soldats convalescents au lycée, Fonds Cavallier Frères

1914-1918. A nos maîtres, à nos camarades morts pour la France

La seconde guerre mondiale au lycée

Comme pendant la première guerre mondiale, le collège est transformé en hôpital complémentaire servant à soigner les blessés du 26 septembre 1939 au 21 septembre 1940. Les lycéens se replient sur la villa Amic, boulevard de la gare. L'occupation italienne (novembre 1942/septembre 1943) est sans conséquence pour les élèves qui ont regagné leur établissement. En revanche, la Wehrmacht occupe l'aile ouest, de septembre 1943 à août 1944, et les élèves doivent partager la cour avec les manœuvres allemandes. Cf. le dossier 1944 et Grasse pendant la seconde guerre mondiale.

D'après M. Négrin, rencontré le 21/01/2015, les conditions de vie au lycée étaient difficiles ; les élèves et leurs professeurs s'engouffraient dans des abris qui avaient été creusés sous la cour.

Après la guerre, en 1946/47, les conditions de vie restent difficiles. Le ravitaillement reste compliqué et les prix augmentent. Le collège a besoin de travaux. Les salles sont beaucoup plus sales, on chauffe au gaz (mauvaises conditions de travail).

De 1952 à 1960

En 1952, l'internat passe en régie d'État, comme celui des filles du collège Saint-Hilaire. C'est un premier pas vers la nationalisation de l'établissement. Les effectifs de l'établissement progressent, alors même que les petites classes, du CP (11ème) au CM2 (7ème) disparaissent peu à peu à partir de l'année 1957/1958. Le décret du 27 septembre 1958 fait du collège communal un collège national. Le cinquantenaire du lycée est célébré avec faste, par Honoré Lions, maire de Grasse, ancien élève du collège, en 1959.

Le lycée nationalisé Amiral de Grasse (1960/2009)

C'est en 1960 que le collège devient le lycée nationalisé de garçons de Grasse et reçoit le nom de «  Amiral de Grasse », en 1969. Les événements de Mai 1968 se font aussi sentir au lycée. Un Comité d'Action Lycéenne demande l'arrêt des cours, organise des assemblées générales et des manifestations, suivi peu après par une partie des enseignants. C'est un grand moment de réflexion sur l'enseignement, entre autres sujets politiques. Cela se concrétise par la fin des classements, de la remise des prix et une plus grande participation des élèves et des parents aux instances du lycée. 1968, c'est aussi la mixité, même si les filles ont toujours été présentes en Terminale. Le lycée compte alors 1 223 élèves, 878, dans le premier cycle, 345, dans le second cycle.

1975 est une nouvelle rupture. Le premier cycle quitte le lycée, pour les Collèges d'Enseignement Secondaire Carnot et Canteperdrix. Le lycée devient Lycée national polyvalent mixte de second cycle. Malgré tout, encore une fois, se posent les problèmes de sa vétusté et de l'exiguïté de ses locaux. Un gymnase, accompagné d'un amphithéâtre et de deux nouvelles salles de classe est construit de 1970 à 1972, sous la cour du lycée. La cour elle-même devient plateau sportif en 1977. Un Centre de Documentation et d'Information, réclamé depuis 1971, est crée en 1977. De nouveaux locaux sont rachetés en 1978, pour accueillir l'internat et la cantine. Les dortoirs de l'aile ouest sont alors réaménagés en salles de cours. En 1988, de nouveaux bureaux sont créés dans la cour d'honneur.
Dans le cadre du plan "Lycée Réussite" mené par le Conseil Régional PACA, le Lycée Amiral de Grasse s'agrandi encore. En 1991 qu'un bâtiment abritant la restauration scolaire pouvant servir 650 repas et offrant une vue panoramique jusqu'à la baie de Mandelieu, est inauguré par le Président du Conseil Régional Provence Alpes Côte d'Azur, Monsieur Gaudin, et Monsieur le Recteur de l'Académie.

Les dernières constructions sont celles du foyer et de salles de permanences, en 2003/2004.

Les bureaux de l'intendance construits en 1988

L'entrée du gymnase, le foyer et les nouvelles salles et la nouvelle aile de 1994

En 1986, suite à la décentralisation le lycée revient à la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et devient le lycée régional d'enseignement général et technologique Amiral de Grasse. Il accueille aujourd'hui environ 1 100 élèves et étudiants, avec la présence des BTS TC (depuis 1996) et MUC (depuis 2000).

De l'ensemble du cycle scolaire, de 100 élèves, de la sixième à la terminale et d'une vingtaine d'adultes, en 1909, le lycée est passé aux classes de secondes, premières, terminales à  plus  de  1 000  élèves  et  à  environ  80  enseignants  aujourd'hui.  Cela  est  le  fruit  de  la croissance de la ville, d'environ 20 000 Grassois, à environ 50 000, mais surtout de l'incroyable démocratisation de l'enseignement. Notre centenaire a encore un bel avenir devant lui ...